Challenges - février 2004 - N° 217

« Je pratique le management interculturel »


john gaynard, créateur de systèmes et ressources

Mon travail consiste à aider des équipes de cultures différentes à travailler ensemble. Les mentalités et les comportements diffèrent d'un pays à l'autre, ce qui risque de provoquer des malentendus. Les Anglo-Saxons, par exemple, jugent les Français très critiques et constatent qu'ils commencent ­toujours leur phrase par « oui, mais… ». Je pense au livre Français et Américains. L'auteur, Pascal Baudry, raconte qu'un jeune Américain a été 100 000 fois félicité tandis que le jeune Français a, lui, été critiqué 100 000 fois. D'où ce propos ironique de leurs voisins britanniques : « Voici la meilleure façon de féliciter un Français : ne pas le critiquer. » 
Les Anglo-Saxons ne comprennent pas pour­quoi les Français ne sont pas directs : pourquoi ne posent-ils pas directement des questions au lieu d'essayer de comprendre d'abord?
Ils s'étonnent de ce que les Français délèguent peu et que, du fait de leur culture « grandes écoles », ils donnent l'impression de tout savoir. En revanche, ils admirent la créativité et l'intelligence conceptuelle des Français. Si bien que, lorsque je démarre une mission, j'explique toujours aux Anglo-Saxons que les Français sont comme ça. Et ils me croient, sachant que j'adore la France où je vis depuis vingt-cinq ans. Je suis irlandais, et je parle français avec un accent très prononcé car je l'ai appris à 20 ans passés. Et les gens font ­confiance à quel­qu'un qui parle avec le même accent qu'eux.

Jacqueline de Linares